Les compagnies sont jugées pour « homicide involontaire » après la mort de 228 personnes sur le vol Rio-Paris.
Air France et Airbus ont rejeté leur responsabilité dans l’accident d’avion qui a tué les 228 passagers et membres d’équipage il y a plus de dix ans, à l’ouverture d’un procès devant le tribunal pénal français pour homicide involontaire.
Les deux groupes ont nié lundi les allégations d' »homicide involontaire » pour leur implication dans ce qui reste le crash le plus meurtrier de l’histoire d’Air France. Le 1er juin 2009, un avion de ligne reliant Paris à Rio de Janeiro s’est abîmé dans l’Atlantique après avoir décroché dans un orage, tuant ses 216 passagers et 12 membres d’équipage.
Le procès, qui doit se terminer le 8 décembre, pourrait aboutir à des amendes allant jusqu’à 225 000 euros pour Airbus et Air France. Air France a fusionné avec la compagnie aérienne néerlandaise KLM en 2004, mais les accusations n’ont été portées que contre la partie française de la société.
Dans sa déclaration liminaire lundi, Guillaume Faury, directeur général d’Airbus, a déclaré que le groupe ne « reconnaît pas » les allégations selon lesquelles il aurait une responsabilité pénale dans l’accident.
« Nous pensons sincèrement que ces griefs ne sont pas justifiés », a déclaré Faury, rejetant les allégations selon lesquelles Airbus aurait sous-estimé ce que les procureurs ont appelé la « gravité de ses déficiences techniques » et n’aurait pas réussi à les signaler de manière appropriée aux compagnies aériennes.
Anne Rigail, directrice générale d’Air France, a déclaré que, bien que le témoignage de sa compagnie puisse être difficile à entendre pour les familles des victimes, le groupe maintiendra tout au long des neuf semaines de procès « qu’il n’a pas commis de fautes pénales dans cet accident ».
Alors que les deux directeurs généraux exprimaient leurs condoléances, certaines familles de victimes ont crié « honte » et que ces sentiments arrivaient 13 ans trop tard. Le groupe de 476 plaignants, principalement des amis et des familles de victimes, aura le temps de témoigner devant le tribunal lors du procès à Paris.
L’affaire, qui dure depuis longtemps, porte sur la réaction des pilotes d’Air France lorsque les capteurs externes de vitesse de l’Airbus A330 ont été bloqués par de la glace. Ce blocage a bloqué la fonction de pilotage automatique de l’avion, obligeant les pilotes à prendre les commandes manuellement.
Les procureurs ont déclaré qu’Air France n’avait pas mis en place une « formation appropriée » pour préparer les pilotes à ce qui s’est passé. Ils ont reproché à Airbus de ne pas avoir pris toutes les mesures nécessaires pour « informer de toute urgence » les transporteurs et les compagnies aériennes des éventuelles déficiences techniques.
Des experts techniques et des pilotes vont témoigner alors que le tribunal tente de déterminer si oui ou non Airbus et Air France sont légalement responsables des erreurs liées au crash.
La question de savoir si Airbus et Air France seraient confrontés à un procès concernant le crash a fait l’objet de plus d’une décennie de querelles juridiques. En 2019, les juges ont décidé de ne pas engager de poursuites contre les sociétés, bien que les procureurs les aient recommandées.
Cette décision a ensuite été annulée l’année dernière, ouvrant la voie à ce que les entreprises soient maintenant jugées.
« Ce fut une longue bataille et les familles des victimes ont travaillé dur pour cela, mais au moins maintenant nous avons obtenu un procès », a déclaré Claire Durousseau, l’une des plaignantes dont la nièce de 26 ans est morte dans l’accident d’avion avec son mari.
« Nous sommes en colère, nous sommes anxieux mais nous sommes là et nous espérons que ce jugement se passera bien pour que nous puissions aller de l’avant et trouver la paix », a-t-elle ajouté.
—
Avion de chasse est le guide des avions.